5 février, 1 500 manifestants dans la Marne

 

La CGT, Force ouvrière et la FSU avaient appelé à manifester dans toute la France ce mardi. Mais les syndicats n’étaient pas les seuls. Pour la première fois à Reims, des gilets jaunes se sont joints aux syndicalistes et autres militants politiques. Le début de la convergence des luttes ?

Plusieurs syndicats appelaient à la grève générale ce mardi. La CGT, Force Ouvrière et la FSU espéraient la convergence des mouvements sociaux. Pari quasiment gagné puisque de très nombreux gilets jaunes sont venus grossir les rangs de la manifestation à Reims où plus de 800 manifestants ont été comptabilisés par la préfecture (dont 200 gilets jaunes), 300 manifestants à Epernay, 250 à Chalons-en-Champagne et 50 à Vitry-le-François. 

Gilets jaunes et syndicats ensemble à Reims, une première !

C’était la première fois que les gilets jaunes et les syndicats appelaient à manifester ensemble : des retraités, des étudiants, des salariés, des militants politiques, mais aussi syndicalistes. « Tous unis dans le même combat, » selon les nombreuses banderoles : revalorisation des minimas sociaux, fiscalité plus juste, augmentation du SMIC … Les revendications ressemblent bien à celles qu’on a entendu dans les manifs des gilets jaunes.

Il y a encore quelques semaines, les gilets jaunes et les syndicats se regardaient en chiens de faïence avec même une certaine méfiance. Les syndicats avaient quitté la rue, les gilets jaunes avaient pris la tête du mouvement social. Alors ce cortège uni, c’était une photo inenvisageable : « Au départ, on ne voulait pas être récupéré, » se souvient Ludovic l’un des gilets jaunes, « ce mouvement est né du terrain, sans l’aide de personne, on n’avait plus confiance ni dans les politiques, ni même dans les syndicats. »

« Les gilets jaunes se sont appropriés nos revendications » estime la CGT

Jacques Julia est syndiqué à la CGT depuis de très nombreuses années, et il se bat pour les retraités :  « Cela fait 5 ans qu’on se bat, seuls, pour des revendications que tout le monde est en train de reprendre. Donc je ne comprends pas pourquoi les citoyens ont attendu le mouvement des gilets jaunes pour nous rejoindre dans la rue, ils auraient pu le faire depuis bien longtemps. Mais les gilets jaunes ne sont pas syndiqués pour la plupart, ils sont dans des petites entreprises et ils ne savent pas se défendre. Donc ils n’ont pas compris qu’il faut venir dans une organisation syndicale et ne pas rester seul chez soi. La démocratie ne peut s’exercer que sur un mouvement organisé. Leurs revendications, ce sont les nôtres donc ils sont obligés de venir avec nous. » 

Le cortège s'est élancé de la maison des syndicats de Reims. - Radio France

Le cortège s’est élancé de la maison des syndicats de Reims. © Radio France – Eric Normand

Dans le défilé de Reims, les gilets jaunes sont nombreux, ils sont plus de 200 selon le décompte de la préfecture de la Marne, 200 gilets jaunes comme Alex, « on est avec les syndicats aujourd’hui, j’espère que ça pourra continuer même s’il faut voir ce qu’ils peuvent nous proposer. De toute façon, on est là pour défendre tout le monde, on est tous dans la merde, la même galère. »

Faut qu’on arrêter de se tirer dans les pattes et qu’on soit tous soudés – un gilet jaune dans le cortège rémois

Même avis de la part d’Alexandre, ce salarié du champagne, encarté à la CGT : « il faut qu’on s’unisse, encore plus pour aller bloquer, tout bloquer comme ils l’ont fait en 1968. C’était le rapport de force. Je le souhaite, j’espère mais je n’y crois plus vraiment … J’attends maintenant les propositions de Macron et de son grand débat national mais j’ai bien peur que cela soit pour amuser le peuple et qu’il n’y ait rien à en attendre. » 

Est-ce la début de la convergence des luttes ?  - Radio France

 

« Les gilets jaunes ont fait le constat – avec raison – que les syndicats n’y arrivaient plus dans le cadre de la négociation »

Les syndicats ne sont pas étonnés par le succès du mouvement des gilets jaunes. « Cela couvait, » explique Sylvie Széférowicz, secrétaire générale de l’union départementale Force Ouvrière dans la Marne, « cela fait des dizaines d’années qu’on crie, qu’on hurle des slogans, avec parfois des victoires mais de plus en plus souvent pour rien ces dernières années ! Comme lors des manifestations contre la loi travail … Les gilets jaunes ont fait le constat que les syndicats n’obtenaient plus rien dans le cadre des négociations et sur ce point, je ne peux pas leur donner tort, » ajoute-t-elle.

Pour négocier il faut être deux, et en face de nous, on ne veut plus négocier. Le gouvernement veut nous mettre à genoux, nous asservir, on veut qu’on se résigne, qu’on fasse du syndicalisme participatif, mais non ! Ce n’est pas ma conception du syndicalisme – Sylvie Széférowicz, Force-Ouvrière

Le cortège s’est finalement dispersé. Avec le sentiment du devoir accompli … et beaucoup sont repartis avec le moral regonflé, persuadés que la lutte amorçait un nouveau départ. On verra de quelle manière l’histoire s’écrit dans quelques semaines.

L'une des plus importantes manifestations de ces dernières semaines à Reims  - Radio France
L’une des plus importantes manifestations de ces dernières semaines à Reims © Radio France – Eric Normand
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