Élections professionnelles : « La CGT ne négocie pas les reculs sociaux »
Publié le 21/11/2022 •
Pour éclairer le vote des agents (par voie électronique dès le 1er décembre, et dans les urnes le 8 décembre), la Gazette des communes publie une série d’interview des représentants des personnels territoriaux. Aujourd’hui, les positions et revendications de la branche territoriale de la CGT Services publics, par la voix de Karim Lakjaâ, secrétaire général du syndicat UFICT-CGT du Grand Reims.
A ceux qui voteront pour la première fois, comment qualifieriez-vous votre syndicat ?
La CGT est un syndicat de lutte de classes, de défense du service public, de ses usagers et de ceux qui le font vivre. On est un syndicat, aussi, d’utopies. Sans utopies il y a pas de progrès social.
Un récent sondage a plébiscité le statut et la rémunération indiciaire, c’est ce que nous défendons, sur le terrain comme dans les instances de dialogue social, à l’échelle nationale comme locale.
La CGT est le premier syndicat représentatif de la territoriale ; depuis les dernières élections professionnelles, elle a été la principale organisation à lutter contre la réforme de la fonction publique de 2019 d’Olivier Dussopt et ses différents effets, dont la remise en cause du temps de travail des fonctionnaires, la création des contrats de projet, la remise en cause du droit de grève…
Vous êtes qualifiés comme « ceux qui claquent la porte »… Quelle est votre conception du dialogue social ?
Oui on n’hésite pas à claquer la porte : la CGT ne négocie pas les reculs sociaux. Lorsque des employeurs territoriaux veulent discuter du droit de grève, en aucun cas nous ne participons. Lorsque le grand Reims a voulu s’entretenir avec les organisations syndicales sur le vol de 14 jours de congés, nous ne sommes pas restés autour de la table. Nous avons lancé des pétitions et organisé des assemblées générales.
Quelles sont vos revendications pour les territoriaux au niveau national, c’est à dire portées au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale ?
Nous voulons purement et simplement l’abolition de la loi Dussopt. Elle a élargi la logique de contractualisation. La rupture conventionnelle s’inscrit dans cette logique, même si c’est un échec. Cela n’est pas acceptable. On réclame aussi le maintien des accords dérogatoires aux 1607 h, le paiement de toutes les heures travaillées (heures écrêtées, heures supplémentaires…), la redéfinition de la « qualité de vie au travail », avec une politique permettant de réinterroger le travail et son sens en donnant un droit d’expression aux agents.
Plus largement, la CGT revendique une augmentation de 10 % de la valeur du point d’indice tout de suite, la mise en place d’un mécanisme d’indexation des salaires sur l’inflation, l’intégration des primes dans le salaire indiciaire et leur prise en compte dans le calcul de la pension [lire l’encadré, ndlr].
L’urgence c’est d’avoir un projet de loi dès maintenant qui rétablirait le statut comme il se doit et le moderniserait. On n’y est pas du tout…
Comment appréhendez-vous la fusion des instances de dialogue social ?
Nous nous sommes préparés. Un module de formation a été largement suivi par nos syndicats sur le Comité social territorial. Il n’y a pas d’appréhension par rapport à cela. Mais on n’est pas du tout en accord avec ce nouveau fonctionnement, ni avec la réforme des instances médicales. Nous demandons le rétablissement des CHSCT distincts des comités sociaux. Quand on connait le bilan des comités sociaux d’entreprise sur lesquels sont calqués ceux de la fonction publique… Même les réformistes sont défiants !
S’agissant du taux de participation à ces élections, vu le contexte, pressentez vous un regain pour le vote ?
Nous avons de fortes inquiétudes, parce qu’on se souvient du taux de participation aux dernières élections de la Caisse nationale de retraites des agents de collectivités locales (1). On craint de ne pas avoir de meilleurs scores.
La démocratie représentative est interrogée et cela peut jouer sur la participation. Les questionnements sur le sens du service public et le fonctionnariat, avec ce fonctionnaire bashing toujours bien présent… Cela joue, avec en parallèle toutes ces interrogations sur les perspectives d’avenir de notre société…
À l’heure où les politiques libérales démontrent leur nocivité et où les services publics sont au cœur des enjeux de notre société, ce scrutin revêt une importance majeure.
Das ist meine letzte rote Paprika