L’enjeu de la COP 26, comme toutes les autres COP, c’est de dire que le climat ne va pas bien. C’est la 26ème édition, et on en est toujours à se lamenter sur le constat qu’on va se prendre 1,5 ou 2 degrés de plus dans les années à venir. Le problème, c’est que les gros pays capitalistes ont la main sur le climat. Depuis le temps que ça dure, on voit bien que le capitalisme vert n’est pas la solution.
Ce qui m’a intéressé de ce qui s’est passé à Glasgow, c’est plutôt la mobilisation des syndicalistes, des ONG, des partis politiques de gauche et des jeunes. Il y a une prise de conscience des vrais gens, on se rend compte que c’est forcément les travailleuses et les travailleurs qui vont morfler les premier.es.
Pendant la COP26, tout en négociant avec la Hongrie et la Pologne pour acheter bon marché du charbon et faire reconnaitre le gaz et le nucléaire comme des « énergies vertes », le gouvernement français a fait des annonces fracassantes sur les énergies fossiles. Mais personne n’y croit. Le climato-cynisme de Macron n’a d’égal que le greenwashing des multinationales : le décalage est énorme entre le « make the planet great again » de celui qui se veut le champion du climat à l’international et la réalité des politiques publiques mises en oeuvre par le gouvernement.
Je travaille depuis plus de 25 ans comme jardinier à la Mairie de Nanterre et je vois les effets du changement climatique. Pendant les 10 premières années, tout se passait à peu près bien, même s’il y avait des prémisses. On pouvait avoir des températures jusqu’à moins 15°. On avait des hivers rudes où il y avait tellement de gel et de neige, qu’on était en chômage technique… Du coup, on filait un coup de main à la voirie pour faire face à la neige.
C’est fini, tout ça. Il y a un assèchement des sols qui est incroyable. Les feuilles dans les arbres restent plus longtemps, la période des feuilles à ramasser dure deux mois et demi. Les floraisons sont décalées : le forsythia ne sortait qu’à la mi-mars, maintenant les départs de floraison partent en mi-février. Les plantes adventices (prêle, mourron, chiendent, liseron, etc…) poussent même en hiver. Du coup, puisqu’il n’y a plus de période de grand froid pendant l’hiver, on en profite pour travailler au recépage des arbustes, à l’arrachage de haies, aux plantations de vivaces.
Pendant l’été, on peut avoir des températures à 38° ou 40°. Le ressenti des habitants de la Ville, en raison du bétonnage massif et de la perméabilisation des sols qui produisent des points de chaleur, n’est pas le même qu’à la campagne. C’est la raison pour laquelle c’est si important de sauvegarder et de recréer des points de fraicheur, avec des arbres dans la Ville. Cela va devenir vital.
Le paradoxe à Nanterre, c’est qu’on dépense de l’argent pour l’environnement. Il y a des réalisations, un service de l’écologie urbaine, on est des précurseurs sur la gestion des espaces verts avec zéro phytos depuis une quinzaine d’années. En même temps, c’est une ville préfecture avec beaucoup de béton. Ce qui est le plus contestable, c’est la pression immobilière terrible qui pousse à la concentration urbaine au sein du Grand Paris. Cette mégalopole, accoquinée par les marchés publics avec les grands investisseurs, est bien loin de se préoccuper du temps qu’il fait, des abeilles, des plantes et de la vie des gens.
Nous, on a des solutions, des propositions pour éviter le gâchis : c’est le plan de rupture que porte la CGT avec d’autres syndicats, associations et ONG.
C’est une démarche particulière, inédite, qui peut faire consensus malgré nos différences, un ensemble de propositions concrètes reconnues aussi bien par des organisations syndicales que des ONG, qui font le même constat de l’urgence sociale et environnementale pour remettre en cause le système capitaliste. Quand on manifeste ensemble en criant « Fin du monde, fin du mois : même combat« , ça me va bien, parce que tant qu’on ne sortira pas de ce système, on continuera à aller dans le mur.
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