Le rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié ce 9 août, est une véritable « alerte rouge » pour l’humanité. Il doit « sonner le glas » des énergies fossiles qui « détruisent la planète », a réagi le secrétaire général des Nations unies.Voici un résumé des principaux points de cette première évaluation complète de la science climatique depuis 2014, réalisée par plus de 230 scientifiques de 66 nationalités en se basant sur 14 000 études publiées.
Un scénario à +1,5 °C pour 2030
Dans tous les scénarios envisagés — du plus optimiste ou plus pessimiste —, la température mondiale devrait atteindre +1,5 °C ou +1,6 °C par rapport à l’ère préindustrielle autour de 2030. Soit dix ans plus tôt que la précédente estimation du Giec il y a trois ans.
D’ici la fin du siècle, le seuil de +1,5 °C, une des limites clés de l’Accord de Paris, serait dépassé, d’un dixième de degré jusqu’à près de 1 °C, selon les scénarios. Toutefois, dans l’hypothèse la plus ambitieuse, la température pourrait revenir à 1,4 °C d’ici la fin du siècle.
Les alliés du climat faiblissent
Depuis 1960, les forêts, sols et océans ont absorbé 56 % du CO2 émis dans l’atmosphère par les activités humaines. Sans cette aide de la nature, la planète serait déjà beaucoup plus chaude et inhospitalière.
Mais ces puits de carbone, alliés cruciaux dans le combat contre le changement climatique, montrent des signes de saturation, et le pourcentage de CO2 qu’ils absorbent devrait diminuer au cours du siècle.
La faute au réchauffement
Le rapport souligne les progrès exceptionnels de la « science de l’attribution », qui permet désormais de quantifier la part de responsabilité du réchauffement dans un évènement météo extrême spécifique.
Les scientifiques ont par exemple montré que la canicule extraordinaire au Canada en juin 2021, avec des températures frôlant les 50 °C, aurait été « presque impossible » sans le changement climatique.
La mer monte
Le niveau des océans a augmenté d’environ 20 cm depuis 1900, et le rythme de cette hausse a triplé ces dix dernières années sous l’influence grandissante de la fonte des calottes glaciaires.
Même si le réchauffement est limité à +2 °C, les océans pourraient gagner environ 50 cm au XXIe siècle et cette hausse pourrait atteindre près de 2 mètres d’ici 2 300 — deux fois plus qu’estimé par le Giec en 2019.
En raison de l’incertitude liée aux calottes, dans le scénario du pire, les experts ne peuvent pas exclure une augmentation de 2 mètres d’ici 2100.
Le méthane sous les projecteurs
Le Giec n’avait jamais autant parlé du méthane, avec cette mise en garde : si les émissions de CH4, deuxième gaz à effet de serre le plus important après le CO2, ne sont pas réduites, cela pourrait saper les objectifs de l’Accord de Paris.
Les concentrations de CH4 dans l’atmosphère — auxquelles contribuent les fuites venues de la production de gaz, les mines, le traitement des déchets et le bétail — dans l’atmosphère sont à leur plus haut depuis 800 000 ans.
Et il a un pouvoir de réchauffement bien plus important que le CO2, même s’il reste bien moins longtemps que lui dans l’atmosphère.
Points de bascule
Les modifications abruptes du système climatique à « faible probabilité », mais « impact important », appelées « point de rupture » quand ils deviennent irréversibles, « ne peuvent pas être exclues ».
L’effondrement des calottes glaciaires capable de faire monter la mer de dizaines de mètres, le dégel du permafrost qui renferme des volumes immenses de carbone ou la transformation de l’Amazonie en savane en font partie.
Courants atlantiques
La « circulation méridienne de retournement atlantique » (AMOC), système complexe de courants océaniques qui permettent de réguler la chaleur entre les tropiques et l’hémisphère nord, se ralentit, une tendance qui va « très probablement » se poursuivre pendant tout le siècle.
Le Giec estime également, avec un niveau de confiance « moyen », que l’AMOC pourrait complètement s’arrêter, ce qui entrainerait notamment des hivers plus durs en Europe et une perturbation des moussons en Afrique et en Asie.