Argentine, Chili, Équateur, Haïti, Irak, Liban… Depuis plusieurs semaines, des soulèvements populaires contestant l’ordre établi se produisent dans différentes régions du monde. Revêtant des formes diverses, ils traduisent un rejet profond de l’accaparement par une minorité du pouvoir politique et des richesses produites. Ils s’illustrent par leur inscription dans la durée, leur volonté d’en découdre, leur capacité à placer le pouvoir sur la défensive voire à le faire céder.
On constate dans le même temps un raidissement répressif des oligarchies qui, pour défendre leurs intérêts égoïstes, n’hésitent pas à faire tirer sur celles et ceux qui se soulèvent. Il est d’ailleurs remarquable que la répression peine à entraver les mobilisations populaires.
Cette vague insurrectionnelle trouve son origine dans les tendances internationales du capitalisme, ses contradictions croissantes, la quête effrénée des profits, les rivalités impérialistes et la pression qu’elles font peser sur l’économie et les systèmes sociaux.
Sous des formes qui lui sont spécifiques, la France n’est pas épargnée par ce phénomène mondial. En témoigne l’année écoulée, marquée par le mouvement des gilets jaunes et des conflits sociaux persistants dans plusieurs secteurs, particulièrement ceux frappés par les offensives libérales successives visant à réduire le périmètre de l’action publique.
Pompiers, urgentistes et personnels des Ehpad ont engagé des mouvements revendicatifs inscrits dans la durée, unitaires, rassembleurs, porteurs de fortes exigences revendicatives, populaires parce qu’ils placent l’intérêt des usagers au centre de la lutte. D’autres professions mènent des processus similaires (cheminots, finances publiques, énergéticiens…). Les luttes locales, notamment celles menées dans la Fonction publique territoriale, vont dans le même sens. La jeunesse se mobilise contre le saccage de la planète, contre la précarité, pour l’égalité et la dignité.
Les gilets jaunes réunis en « Assemblée des assemblées » à Montpellier le 3 novembre ont décidé d’appeler à la jonction avec le mouvement gréviste à compter du 5 décembre, soulignant la cohérence et la nécessaire convergence entre leur combat et celui des militants syndicaux. Leur appel affirme à juste titre que « La défaite du gouvernement sur sa réforme des retraites ouvrirait la voie à d’autres victoires pour notre camp. ».
Cela fait écho au texte adopté par le CCN de la CGT, affirmant notamment que « D’ici le 5 décembre, le CCN de la CGT appelle à poursuivre la construction de l’action par la tenue d’Assemblées générales dans les entreprises, les services publics et les administrations, pour que les salarié-e-s et agent-e-s décident, sur la base de leurs revendications et dans l’unité, des modalités des actions, de la grève, de sa reconduction pour un mouvement qui s’inscrit dans la durée afin de gagner le progrès social. ».
Ces appels conduisent à considérer le 5 décembre non comme une fin en soi, mais comme une étape décisive dans un processus conçu pour se poursuivre autant que nécessaire.
Face à un pouvoir qui se radicalise, qui réprime violemment, qui tend ouvertement la main à l’électorat d’extrême droite, notre tâche consiste à construire une stratégie gagnante, une stratégie d’affrontement pour arrêter Macron et le Medef. Pour gagner le retrait du projet Macron/Delevoye et permettre la satisfaction des revendications, la concentration des processus d’action, la mise à mal de la production des profits et le refus du théâtre démobilisateur du « dialogue social » sont des enjeux clés. Ils doivent être placés au cœur de la préparation du 5 décembre et de sa poursuite.
Il s’agit aussi par la lutte d’élever le niveau des exigences revendicatives et de contribuer à faire émerger une alternative de progrès : rupture avec le capitalisme et transformation sociale sont des objectifs fondamentaux dont chaque jour qui passe démontre la pleine modernité.
Du 18 au 21 novembre à Montpellier, le 12e congrès de la Fédération CGT des Services publics sera un moment important de débat et de décisions pour contribuer à relever ces défis.