Près de 60 % des Français interrogés par BVA pour La Tribune, RTL et Orange sont prêts à soutenir la grève programmée le 5 décembre prochain pour protester contre la réforme des retraites. Ce sondage vient en conforter un précédent réalisé par Elabe selon lequel 64 % des Français soutiennent la mobilisation contre la réforme.
Et aussi, chiffre intéressant, 49 % des électeurs d’Emmanuel Macron !
Le rejet de cette réforme n’a à l’évidence fait que grandir depuis le 18 juillet, date de la sortie du rapport Delevoye. Mais la méfiance avait déjà gagné l’opinion durant les mois de « concertation » durant lesquelles la cacophonie autour de l’âge pivot avait déjà fait naître la défiance. Ainsi, la proportion de personnes hostiles à cette réforme a progressé de 4 points en l’espace d’un mois et de 12 points pour la catégorie des actifs de 25 à 49 ans, souligne l’étude d’Elabe.
Dégainée par Macron pour se sortir du guêpier d’une contestation sociale qui monte en puissance, la « clause du grand-père » semble devoir être la parade ultime que le gouvernement voudrait proposer aux syndicats afin de ne faire porter les méfaits de la réforme que sur les futurs entrants sur le marché du travail. Donc sur cette jeunesse qui aujourd’hui fait l’effort de la formation initiale et que la réforme va faire trimer jusqu’autour de 70 ans pour toucher une pension dont personne aujourd’hui ne pourra leur garantir le niveau.
Dans une tentative désespérée de déminer la crise sociale qui s’annonce avec la grève du 5 décembre, Édouard Philippe a annoncé son intention de recevoir les organisations syndicales en bilatérales avant le 5 décembre.
À l’évidence c’est encore une de ces opérations de communication dont les équipes d’Emmanuel Macron ont le secret. S’il ne peut plus s’épargner une grève et des manifestations d’ampleur le 5 décembre, l’exécutif espère encore fracturer le front syndical, éviter que convergent toutes les mobilisations sociales et que les grèves durent et se reconduisent.
Il y a pourtant un remède à cette angoisse qui étreint les élus de LREM et le gouvernement à la perspective d’une paralysie du pays : remettre à plat tout le système, le rendre plus juste, le financer durablement pour améliorer le niveau de vie des retraités, garantir un bon niveau de vie pour les futures générations, reconnaître la pénibilité, établir l’égalité entre les femmes et les hommes, encourager la formation en reconnaissant les années d’étude, faire cotiser l’ensemble des revenus, rétablir l’âge de départ à 60 ans…
Mais aucune de ces pistes ne fait partie du logiciel macroniste.
La confrontation sociale est donc inévitable. Et elle est salutaire. C’est même un devoir moral vis-à-vis des générations futures.