«There is no society» : la société, ça n’existe pas. C’est en octobre 1987 que Margaret Thatcher prononce ces mots.
Depuis, son message a été entendu par l’ensemble des classes dominantes occidentales.
Il a pour conséquence la grande sécession du monde d’en haut qui, en abandonnant le bien commun, plonge les pays occidentaux dans le chaos de la société relative.
La rupture du lien, y compris conflictuel, entre le haut et le bas, nous fait basculer dans l’a-société.
Désormais, no more society. La crise de la représentation politique, l’atomisation des mouvements sociaux, la citadellisation des bourgeoisies, le marronnage des classes populaires et la communautarisation sont autant de signes de l’épuisement d’un modèle qui ne fait plus société.
La vague populiste qui traverse le monde occidental n’est que la partie visible d’un soft power des classes populaires qui contraindra le monde d’en haut à rejoindre le mouvement réel de la société ou bien à disparaître.
Dans son ouvrage No society: la fin de la classe moyenne occidentale, le géographe Christophe Guilluy prédit la fin des classes moyennes. Il était l’invité de Bourdin Direct ce jeudi matin.
Les classes moyennes ont-elles disparu? C’est la thèse du géographe Christophe Guilluy, qu’il développe dans son livre No society: la fin de la classe moyenne occidentale. « Avant la classe moyenne, c’était tout le monde, de l’ouvrier jusqu’au cadre, et aujourd’hui les gens décrochent », analyse-t-il.
« On a vraiment un processus de sortie progressif de la classe moyenne, c’est pour ça que je dis que le concept de classe moyenne est mort. On a encore des politiques qui nous parlent de classe moyenne, mais ils nous parlent d’une classe moyenne qui n’existe plus, une classe moyenne mythique. Ce n’est pas un hasard si ces partis de droite et de gauche qui continuent à s’adresser à une classe moyenne mythique ne sont plus entendus par les gens », a-t-il aussi développé face à Jean-Jacques Bourdin.
« Les gens ne vivent plus là où ça se passe »
Et de déplorer le fait que ces populations deviennent invisibles: « Il y a aussi un effet géographique. Les gens ne vivent plus là où ça se passe, dans les grandes villes. On a bien des territoires où vivent l’essentiel de ces catégories modestes, cette ancienne classe moyenne. Ils sont dans l’invisibilité car ils vivent dans des endroits où ne se crée plus d’emploi et où ne vient plus les prescripteurs d’opinion et les politiques ».